Lettre de Mia
Bonjour,
Je suis Mia, c'est un joli nom n'est-ce pas? Oui, il est sympathique, on l'aime bien en général. Il est doux, chaleureux. C'est rond, plein. C'est court aussi, discret.
Mia, c'est moi.
Je suis discrète, on peut passer des années avec moi sans même me remarquer. D'ailleurs, tu l'as fait non? Et les autres, ils le font encore n'est-ce pas?
C'est normal, on ne me voit pas. Je sais être discrète, me dissimuler aux yeux des autres, et même aux tiens.
Enfin c'était avant, ça. Avant que tu ne me reconnaisses. Maintenant, on va pouvoir se connaître mieux, beaucoup mieux.
Maintenant, tu vas pouvoir te rendre compte de tout ce que je suis et de toute l'ampleur que j'ai prise dans ta vie. De tout l'espace que j'ai pu m'approprier, grappiller au fil du temps, quand tes yeux étaient encore fermés.
J'ai grandi dans l'ombre, je me suis développée, je t'ai observée. J'ai découvert ce que tu préférais, tes faiblesses, les moments où je pourrais surgir pour te réconforter.
Mais j'ai pu étudier les autres aussi, ceux qui t'entourent. Les milles et unes façons de les berner, de leurs jeter de la poudre aux yeux. Mais c'est tellement simple! Ils sont pires que ce que tu étais. Eux, ils ne veulent pas voir. Toi, tu ne savais simplement pas.
Ceci dit, plus le temps passait plus tu sentais ma présence. Bien sur tu ne me distinguais pas encore. Tu as mis du temps, tu t'es même, un moment, tournée vers ma sœur Ana. Ana, je la connais très bien aussi. On se ressemble mine de rien. On se ressemble même plus qu'on le dit et qu'on le voit. Le problème avec Ana, c'est qu'elle se fait remarquer. A un moment ou a un autre, elle devient trop... voyante.
Heureusement, ce n'est pas mon cas.
C'est d'ailleurs pour ça qu'on en est là toi et moi.
Toi non plus tu n'aimes pas qu'on te regarde pas vrai? Tu as honte en fait. Tu sais qu'on ne verra que le fait que tu es bourrée de défauts et que tu n'es pas à la hauteur. C'est pour cela que tu te caches.
Mais grâce à moi tu as appris d'autres façon de te cacher, pas vrai?
Et puis, moi, je sais te consoler, te réconforter. Quand tout les autres te délaissent, te laissent tomber, te déçoivent, te rabaissent, te rappellent que tu n'es rien, que tu ne vaux rien, que tu ne sais qu'échouer, moi je suis là. Et je ne te quitte pas.
Je suis là tout le temps, tout le temps. Même la nuit. Même à une heure du matin quand le sommeil te fuit, je suis là.
Maintenant que tu me connais, que tu sais qui je suis, je vais t'apprendre.
T'apprendre que maintenant que je suis là, tu ne me délogera pas si facilement. T'apprendre que je me suis ancrée jusqu'au plus profond de toi, et que je ne te quitterai pas. Jamais.
Même quand tu croiras avoir gagner, que mes consolations ne te tenteront plus, je serai toujours là, dans l'ombre à attendre. Comme j'ai attendu jusqu'ici, comme j'ai attendu avant.
Tu sais que jamais on ne me quitte? Demande aux autres, elles te le diront.
Mia, c'est pour la vie.
Ta fidèle,
Mia.